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L'humilité
L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres  qualités à la portée de toutes les âmes sont les véritables fondations de notre vie spirituelle.
Nelson Mandela

Humilité, fichue vertu !
Tu dis que tu l'as, tu ne l'as plus !

Anonyme

La vraie humilité est la mère
de toutes les vertus.
Lord Alfred Tennyson


L'ennui avec l'humilité,
​c'est qu'on ne peut pas s'en vanter.
Gene Brown

Élevez-vous par l'humilité. Telle est la voie ;
il n'y en a pas d'autre. Qui cherche à progresser autrement tombe plus vite qu'il ne monte.
​ Seule l'humilité exalte, seule elle conduit à la vie.

Saint Bernard

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La véritable humilité
est d’abord une décence, un équilibre.

Georges Bernanos

Pour s’améliorer, il faut changer.
​Donc, pour être parfait, il faut avoir changé souvent.

Winston Churchill

Je sens qu'un certain type de perfection
peut être atteint avec humilité,
​à travers une accumulation d'imperfection.
Kafka 



Il n’y a pas de honte à perdre ou à échouer.
La honte, la seule qui puisse nous faire honte
est d’être inférieure à nous-mêmes.

Alain Ayache


Savoir se contredire est un exercice d’humilité
​ et une méthode de libération.

Michel Polac

Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions,
si le monde voyait tous les motifs qui les produisent.

François de La Rochefoucauld

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L’amour-propre
est un ballon gonflé de vent
dont il sort des tempêtes
​quand on y fait une piqûre.

Voltaire


Les intellectuels sont fiers,
ils se pavanent,
parce qu'ils ont accumulé des connaissances,
mais souvent la bonté, l'humilité,
la simplicité, la générosité leur manquent.
Omraam Mikhaël Aïvanhov

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L’orgueilleux aimera mieux se perdre
​que de demander son chemin.

Charles Churchil
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Se guérir de nos malaises de l’âme implique souvent une bonne dose d’humilité,
d’accueil de la nature humaine et de sympathie envers autrui
et surtout envers nous-mêmes.

Daniel Desbiens

Je suis toujours prêt à apprendre,
bien que je n’aime pas toujours
qu’on me donne des leçons.

Winston Churchill

L'humilité est l'antichambre
de toutes les perfections.
Marcel Aymé 


L'humilité est le contrepoison
​de l'orgueil.
Voltaire
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L’humilité rend invulnérable.
Marie von Ebner-Eschenbach


L'humilité n'est souvent
qu'une feinte soumission,
dont on se sert pour soumettre les autres.
François de La Rochefoucauld


L’orgueil est toujours plus près
du suicide que du repentir.

Rivarol

L’humilité est l’autel sur lequel Dieu
veut qu’on lui offre des sacrifices.
François de La Rochefoucauld
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L’humilité 1
De quel moi
​s’agit-il ?

Par Isabelle Najar, le 25 mar. 2012,
L’humilité, autrefois vertu cardinale, a perdu de son attrait dans nos esprits. Peut-être nous renvoie-t-elle inconsciemment à l’humiliation avec laquelle elle partage une racine commune : humus, la terre. Être humble, ce serait donc se rabaisser, rester à terre, courber l’échine : rien de bien attirant en somme.

Pourquoi s’interroger aujourd’hui sur ce concept et qu’a-t-il à nous apporter dans le cadre d’une pratique éthique ? Parce qu’il peut transformer dans un sens extrêmement bénéfique notre relation à nous-mêmes et aux autres.

Commençons les choses par une question quelque peu abrupte : que suis-je ?

Si je me pose la question, les premières réponses qui me viennent à l’esprit sont celles-ci : je suis Untel.

Voici mon corps, plus ou moins beau, plus ou moins intelligent, jeune ou vieux, en bonne ou en mauvaise santé. J’occupe une certaine position dans la société : j’ai tel métier, je suis riche ou pauvre, éduqué ou illettré. Je vis seul ou en couple, avec ou sans enfants.

Je suis né dans tel pays à telle époque. Mon histoire, mon tempérament, mon éducation, ma culture, tous ces éléments, combinés de façon unique, font de moi ce que je suis. Ces
premières réponses me renvoient vers un certain mode du moi que j’appellerai le moi psychosocial.

Il est toutefois une deuxième façon de répondre à la question, une réponse plus simple mais moins immédiate, qui me vient d’une riche tradition

philosophique : que suis-je ? Je ne suis rien, ou presque. Je ne suis
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rien parce que je suis mortel ; parce que rien de ce que j’ai ne vient réellement de moi ; parce que la plupart des causes qui déterminent mon existence se trouvent hors de mon champ d’action et relèvent des hasards de mon existence, ou de la Providence, selon la façon dont je vois les choses. À supposer que je n’accepte pas cette idée, que j’aie bien l’impression de « m’être fait moi-même » à la force du poignet, je ne pourrai nier du moins que je n’ai aucun pouvoir réel sur ce que je possède ou crois posséder. Je ne peux nier que je pourrais tout perdre du jour au lendemain. Je ne peux pas revenir sur l’irrémédiable, je ne peux pas m’empêcher de vieillir, les choses ou les êtres qui me sont les plus chers peuvent disparaître en un instant sans que je puisse rien y faire.


C’est un fait massif, une évidence tellement énorme qu’on a fini par ne plus la voir. Que suis-je ? Les sages et les philosophes de toutes les traditions s’entendent pour décrire l’homme comme un être précaire, flottant quelque temps au milieu de réalités qu’il ne maîtrise pas vraiment, avant de mourir. Il y a sur le sujet toute une littérature, il est donc inutile de développer, si ce n’est chacun pour soi-même, dans une forme de méditation intérieure destinée à mieux appréhender et à mieux assimiler cette vérité.

Nous appellerons moi métaphysique ce mode d’existence ou cette dimension du moi qui le rapproche du « rien », car il fait partie de la condition de l’homme, quelque soit sa situation dans le monde.

Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. (Pascal)

En pratique, nous ne pensons pas beaucoup à notre moi métaphysique qui finalement relève davantage du discours philosophique que de la « vraie vie » : « J’y reviendrai quand j’aurai le temps, pensons-nous, mais pour l’instant, j’ai trop de choses à faire ». Peut-être avons-nous même tendance à cultiver une distance légèrement ironique par rapport à toutes ces grandes considérations philosophiques qui cherchent à renvoyer l’homme à son néant.
A bien y regarder pourtant, cette ironie n’est rien d’autre qu’une stratégie de déni. Je sais bien que je suis mortel et insignifiant, je ne peux le nier car c’est une évidence. Mais cette évidence, qui m’apparaît comme une négation de moi (la mort et l’insignifiance), m’angoisse. Comme je ne peux la nier, je vais employer toutes mes forces à la dénier. Je vais vivre avec elle tout en faisant comme si elle n’existait pas et sans en tirer la moindre conséquence sur ma façon de vivre.

Le résultat de ce refoulement est que dans la vie de tous les jours, nous nous contentons de vivre sur le mode du moi psychosocial et que nous occultons le moi métaphysique. Or cette dimension métaphysique fait bien partie de nous, au même titre que la dimension psychosociale. Ce n’est pas parce que nous n’y pensons pas qu’elle cesse d’exister : ce n’est pas parce que je refoule l’idée de ma mort que je suis immortel. C’est une réalité qui fait partie de moi. Si je la dénie, je m’ampute d’une partie de moi-même, je suis incomplet, il me manque quelque chose.

Nous partons du postulat que cette coupure, ce divorce intérieur a sur moi des effets négatifs. C’est d’ailleurs le principe de base de la psychologie moderne. Je ne peux vivre heureux sans chercher à me réconcilier avec moi-même, fût-ce avec une part de mon être qui en apparence ne m’est pas
favorable. Toute vérité n’est pas bonne à dire : peut-être, quand elle concerne les autres. Mais jamais je n’ai intérêt à me voiler la face devant une vérité qui me touche, si désagréable soit-elle à première vue.

Je suis donc un être mortel et insignifiant, je le sais, il ne me reste plus qu’à reconnaître intérieurement et profondément ce fait. Le but de cette série d’articles est d’explorer quelques pistes qui pourraient nous permettre d’accorder une place à ce moi métaphysique au sein de notre vie de tous les jours et de nous réconcilier avec lui. Le concept, l’outil éthique qui nous permettra de réaliser ce projet est celui d’humilité.

N’hésitez pas à proposer vos pistes dans vos commentaires. Il s’agit de réfléchir ensemble aux questions suivantes :

  • comment faire pour intégrer à notre vie de tous les jours la conscience de la place réelle que nous occupons dans le monde ? Comment vivre tout en gardant en tête que je ne suis rien ?
  • y a-t-il réellement un bienfait à essayer de se voir à sa vraie place (comme « rien ») et si oui quel est-il ? N’y a-t-il pas un danger à se percevoir comme « rien » ?

Pour en savoir plus:
http://www.e-ostadelahi.fr

Humilité 2
​Définition

Par Isabelle Najar, le 25 mar. 2012,
Ainsi il avait une double pensée : l’une par laquelle il agissait en roi, l’autre par laquelle il reconnaissait son état véritable, et que ce n’était que le hasard qui l’avait mis en la place où il était. (…) C’était par la première qu’il traitait avec le peuple, et par la dernière qu’il traitait avec soi-même.
Pascal

L’humilité est la forme la plus aboutie de la connaissance de soi. Elle suppose une perception claire et lucide de ce l’on est réellement et de la place qu’on occupe dans le monde. Elle suppose de poser sur soi un regard neutre voire distancié : l’humilité, c’est aussi la capacité de se regarder avec humour.

Si l’on s’en réfère à l'article précédent, l’humilité peut également se définir comme le point d’articulation entre les deux modes du moi (psychosocial et métaphysique) : c’est reconnaître ma condition métaphysique (le « je ne suis rien ») alors même que je suis dans l’interaction sociale, au milieu des autres, comme les autres. J’ai conscience de mon insignifiance, alors même que je fais ce que j’ai à faire, qu’au besoin je défends mes droits et que je me fais respecter, portant à chaque instant en moi la « double pensée » dont parle Pascal.

On confond souvent l’humilité avec la modestie, qui n’en est que la manifestation extérieure, une vertu sociale. Mais être humble ne se limite pas à se montrer aimable, poli ou discret sur ses succès. L’humilité est une vertu qui se situe en amont de ces qualités. On peut très bien être humble intérieurement tout en étant capable de « tenir son rang » socialement et de faire preuve d’autorité si la situation l’exige ; comme on peut très bien se montrer modeste et respectueux à l’extérieur tout en se sentant très supérieur intérieurement.

L’humilité, disait La Rochefoucauld, « est un artifice de l’orgueil qui s’abaisse pour s’élever ; et bien qu’il se
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Étudiant prétentieux
transforme en mille manières, il n’est jamais mieux déguisé et plus capable de tromper que lorsqu’il se cache sous la figure de l’humilité. » Rien de plus vrai, mais seulement si l’on réduit l’humilité au rang de vertu sociale. L’humilité qui nous occupe ici est d’un autre ordre. C’est un état d’esprit intérieur, un travail sur la pensée qui peut se manifester – ou non – par une attitude modeste à l’extérieur, selon le contexte.

L’humilité est un sentiment qui consiste d’une part à prendre conscience de ce que nous sommes et du fait que nous ne sommes pas grand chose, et d’autre part à nous accepter comme tel. Elle est en ce sens une condition indispensable à la fois à notre bien-être psychique (on ne se sent bien que si on apprend à s’accepter) et à notre progression éthique (on s’éloigne de l’image mensongère que l’ego cherche à donner de lui-même et l’on a de soi une perception plus proche de la vérité).

L’orgueil consubstantiel Il est souvent très instructif, pour définir un terme, de faire un détour par son contraire, en l’occurrence, l’orgueil.

Si l’humilité est une qualité indissociable de la connaissance de soi, alors l’orgueil est synonyme d’ignorance et d’illusion par rapport à soi. L’orgueil, ce serait donc l’ignorance, ou le mensonge. Creusons un peu ce lien visiblement étroit entre humilité, connaissance et vérité. On dit souvent des très grands savants qu’ils sont aussi les plus humbles. Pourquoi ? Parce qu’il paraît évident qu’un grand physicien, par exemple, ne songera jamais à se vanter de ce qu’il connaît en physique. Ses connaissances lui permettent d’avoir sur le champ de la science actuelle un point de vue suffisamment éclairé pour percevoir l’immensité de tout ce qui lui reste à découvrir.

Il est donc humble, humble par rapport à ce qu’il ne sait pas et que ses connaissances – bien réelles – lui ont permis de toucher de près.
Selon la formule consacrée, il sait qu’il ne sait pas. Prenons maintenant un étudiant en troisième année de physique. Il a commencé à pénétrer quelques unes des lois fondamentales qui régissent le monde naturel et ces deux ou trois connaissances suffisent à remplir le champ étroit de sa perception. Enivré et comme gonflé par cette sensation, il a l’impression d’avoir compris le secret de l’univers sans avoir pris conscience, encore, de tout ce qu’il lui reste à apprendre.

L’orgueil est donc le fruit de l’ignorance. C’est une énergie qui, se fondant sur la méconnaissance où nous sommes de nous-même, nous pousse à construire de nous une image dilatée et mensongère que nous appellerons l’ego illusoire. Ce malheureux orgueilleux à l’ego bouffi, c’est chacun d’entre nous. Car l’orgueil dont il s’agit ici n’est pas une particularité psychique que l’on trouverait chez certaines personnes tandis que d’autres en seraient dépourvues (comme on peut dire de certains qu’ils sont colériques ou paresseux tandis que d’autres sont calmes ou travailleurs…). Il ne s’agit pas non plus de la vanité ou de l’arrogance qui ne sont que des manifestations extérieures et particulièrement évidentes d’un état intérieur et souvent caché. L’orgueil dont nous parlons est comme un « solvant (1) » dans lequel baigne l’ensemble de nos caractères psychiques. Il nous imbibe si totalement que nous n’en sommes pas conscients. C’est un orgueil consubstantiel à notre être et qui le plus souvent se distingue à peine de la sensation que nous éprouvons d’être nous-même.

A ce titre nous sommes tous concernés, même les gentils, même les timides, même les discrets, même, et peut-être plus encore, ceux qui manquent de confiance en eux et qui ont une estime de soi faible.

(1) ^ Le terme est de Bahram Elahi, dans Fondements de la spiritualité naturelle.

Pour en savoir plus:
http://www.e-ostadelahi.fr

Humilité 3
​Repérer en soi
les caractéristiques
de l’orgueil
consubstantiel.

Par Isabelle Najar, le 25 mar. 2012,
Comme tout caractère omniprésent et envahissant, l’orgueil consubstantiel est difficile à localiser. Il est pourtant possible de le repérer à partir d’un certain nombre de caractéristiques. Ces caractéristiques sont plus ou moins marquées selon les personnes, mais nul n’en est entièrement dépourvu. Il suffit de plonger en soi-même pour y retrouver, sous des formes parfois obscures, parfois subtiles ou détournées, des tendances lourdes qui s’expriment plus ou moins ouvertement en fonction des situations.

Égocentrisme La première de ces caractéristiques est l’égocentrisme, ou la tendance à tout rapporter à soi et à prêter à sa personne une importance plus grande qu’elle n’en a en réalité. En théorie, je sais bien que je ne suis qu’un être humain parmi 7 milliards d’autres êtres humains, sur une planète perdue au milieu du cosmos. Mais en pratique, j’agis et je ressens les choses comme si j’étais le centre de l’univers et comme si tout tournait autour de moi. Quelques exemples tirés de la vie quotidienne sont particulièrement révélateurs de cet état d’esprit.

  • Exemple 1 : je rentre dans une salle de réunion, et au moment précis où j’ouvre la porte, j’entends deux personnes qui pouffent de rire. Quelle est, parmi l’infinie diversité des causes possibles, la première qui me vient à l’esprit ? Même si je suis quelqu’un de très assuré, il est à parier que l’idée au moins me traversera l’esprit : « Ils rient de moi ». Il est probable, si du moins je bénéficie d’un psychisme sain, que je serai immédiatement capable de me reprendre et de rationaliser la situation (« Il n’y a aucune raison qu’ils rient de toi. Ne sois pas parano. »). Mais il n’en reste pas moins que ma première réaction interprétait ce rire en fonction de ma personne.
Ma tendance naturelle est de disposer les choses et les gens autour de moi – que ce soit pour ou contre moi.
  • Exemple 2 : tout le monde a déjà vécu dans sa vie l’expérience cuisante qui consiste, pour une raison ou une autre, à se ridiculiser en public. Dans ce genre d’expérience, l’importance de l’événement, somme toute assez insignifiant, est sans commune mesure avec la façon douloureuse dont nous pouvons le vivre sur le coup. Comparons maintenant cette souffrance à celle que nous éprouvons quand nous apprenons la nouvelle d’un tremblement de terre dans un pays lointain, où des milliers de gens sont morts ou attendent dans des conditions atroces des secours qui n’arrivent pas. Soyons sincères avec nous-même : laquelle des deux souffrances est-elle la plus intense ? Et pourtant, lequel des deux événements est-il objectivement le plus terrible ?
Cette tendance est sans doute naturelle et certainement nécessaire à la préservation de soi. Mais la mettre à jour nous permet malgré tout de prendre conscience de la relation passionnelle que nous entretenons avec nous-même et des distorsions colossales que cela provoque dans notre perception des choses.

« Supérioritisme » Il est un phé- nomène très curieux, que l’on peut oberver de façon quasi con- stante dans la vie de tous les jours : une même remarque, plutôt inoffensive à la première personne (Je suis nul !) devient parfaitement insupportable à la deuxième personne («Tu es nul !»).

« Théotime ne pense jamais sans amusement au vieil Abba Léonidès qui aime à dire : « Je suis un âne, un sot, un pauvre homme, un pécheur, le dernier de tous », et qui sourit d’attendrissement en s’accablant de la sorte.

Car il y a une chose qu’Abba Léonidès n’aime pas du tout, c’est qu’on lui fasse des remarques. Qu’on lui signale une petite erreur, un petit manque, il se met en colère, et le rouge lui monte aux oreilles. Il revendique de travailler tout seul à son humilité. »


Pourquoi réagissons-nous si mal aux critiques qui nous viennent des autres, alors que nous sommes pourtant les premiers à nous les adresser à nous-mêmes, et que nous sommes même capable de les verbaliser devant les autres ? Ce n’est donc pas tant le fond de la critique qui nous blesse (même si ce fond joue un rôle non négligeable) que le fait qu’elle soit exprimée par un autre.

L’autre, en me critiquant, me blesse, parce qu’il me rabaisse et ce faisant remet en cause une autre des tendances profondes qui structurent mon rapport au monde : le « supérioritisme »
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. Car j’ai le sentiment d’être non seulement au centre, mais aussi au sommet du monde.

C’est bien ce qui explique le caractère extrêmement désagréable des remarques et des critiques qui nous viennent d’autrui, ou encore, des situations d’échec que nous vivons devant les autres.Cela ne veut pas dire, bien évidemment, que nous sommes tous atteints de mégalomanie. Les choses sont évidemment bien plus complexes quand nous les vivons. Il y a par exemple des gens dont on ne peut nier la supériorité sur tel ou tel point, des gens que l’on admire et que donc on place au dessus de soi. Mais en y regardant de plus près, on pourra mettre en lumière quelques unes des stratégies mises en place par l’ego pour se rendre ces situations supportables.

Ainsi, les personnes que nous admirons sont souvent éloignées de nous, que ce soit physique- ment ou symboliquement. Elles ne font donc pas d’ombre à notre ego. Il s’agit par exemple de célébrités ou de quelqu’un qui se distingue nettement de nous par son âge, son expérience, sa situation sociale… Je peux aussi très facilement reconnaître la supériorité de quelqu’un dont le terrain d’excellence n’entre pas en concurrence avec le mien : je veux bien admirer un violoniste remarquable si je ne joue moi-même d’aucun instrument. Mais s’il se trouve que je suis troisième violon dans un orchestre, j’aurais plus de mal à admettre la virtuosité du deuxième violon et sa supériorité sur moi.

Autre exemple : je peux admirer quelqu’un de proche, dans la mesure où cette proximité valorise mon ego qui finalement y trouve son compte. Si mon ami d’enfance devient subitement une star de cinéma, je peux soit devenir jaloux et m’éloigner de lui, soit l’admirer et permettre à mon ego de recueillir un peu de sa gloire parce que je fais partie du cercle de ses intimes. Je devrai certes admettre qu’il se trouve sur un sommet plus élevé que le mien,


mais je m’assure du même coup une place de choix par rapport à tous les autres : je suis le deuxième sommet le plus élevé.

Bien entendu, je peux aussi accepter en toute simplicité une place plus modeste, je peux admirer et aimer en toute sincérité. Mais ce ne sera en général pas là mon premier mouvement, ma pente naturelle. Cette attitude ne s’acquiert que dans un deuxième temps au prix d’une réflexion et d’un effort de maîtrise de l’ego.

Égocentrisme et « supérioritisme » sont à mon sens les deux caractéristiques les plus saillantes de l’orgueil, deux tendances de fond, dont la pression agit secrètement au cœur de la plupart de nos pensées et de nos comportements. Il est extrêmement difficile de les décrire. Omniprésentes, mais subtiles et fluctuantes, elles sont difficiles à cerner, et quand on pense enfin en avoir repéré une manifestation, elles se figent et prennent une forme caricaturale et grossière dans laquelle on a du mal à se reconnaître. Se croire au centre et au sommet du monde, pensons-nous, est l’affaire des fous et des mégalomanes. De fait, aucune personne sensée ne se pense consciemment au centre et au sommet du monde.
Mais dans la pratique, nos comportements et les diverses émotions qui nous animent témoignent de la présence de ces tendances profondes en nous.

Cette représentation, même schématique, nous permet en tout cas de préciser quelques-unes des définitions que nous avons données jusque là. L’orgueil consubstantiel est en moi une force omniprésente et toujours active dont le but est de créer et de maintenir l’illusion d’un ego surdimensionné. L’humilité, par opposition, est une force qui me permet de résister à la pression de cet orgueil en ouvrant mon regard sur la réalité de ce que je suis et de ma place dans le monde.

Pour en savoir plus:
http://www.e-ostadelahi.fr
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Humilité 4
l’humilité
est une force

Par Isabelle Najar, le 25 mar. 2012,

« Étrangement, on se sent le cœur extrêmement léger une fois qu’on a accepté de bonne foi son incompétence. »
(William James,
Précis de psychologie
)

Pourquoi être humble ?
Si l’humilité consiste à résister à la pression, que l’on devine puissante, de l’orgueil, elle demande nécessairement un effort. Et comme tout effort, elle a besoin d’une justification : après tout, si l’illusion d’un ego surdimensionné fait partie de ma nature fondamentale, et tant qu’elle reste dans les limites du raisonnable, pourquoi chercher à la faire disparaître, à supposer que cela soit possible ?

On peut distinguer au moins deux raisons qui pourraient nous motiver à fournir cet effort :

La première raison est éthique et renvoie à ce qu’on a pu appeler « l’amour de la vérité ». Il est certes dans ma nature d’être aveugle sur la place réelle que j’occupe dans le monde, mais il est tout autant dans ma nature, quand j’ai pris conscience d’une illusion, d’essayer de m’en libérer. A moins d’être spirituellement mort, personne ne peut se satisfaire de vivre sciemment dans la fausseté sans chercher à en sortir ; notre nature profonde est donc de rechercher la vérité, quelle qu’elle soit, même quand elle est désagréable à notre ego. Puisque l’orgueil est mensonge et illusion, il est de notre devoir éthique de travailler pour être plus humble, de façon à sortir de ce mensonge et nous rapprocher de la vérité de ce que nous sommes.

La seconde est d’ordre psychologique, car l’orgueil est, si on y réfléchit bien, à la source de la plus grande partie de nos souffrances psychiques. Le problème de l’orgueil, on l’a vu, c’est qu’il nous pousse à maintenir sur nous-même une illusion qui ne correspond pas à la réalité et qui donc est perpétuellement battue en brèche par la réalité. Constamment, la vie vient nous rappeler douloureusement que nous ne sommes ni le centre, ni le sommet de l’univers. Et tout aussi constamment, nous cherchons à construire des stratégies qui nous permettent de dénier cette évidence. Notre ego illusoire est comme un bateau trop gros qui prendrait l’eau de tous les côtés, et nous dépensons une énergie démesurée pour essayer de colmater les brèches pour maintenir coûte que coûte l’illusion. Les personnages-types qui suivent peuvent nous donner quelques exemples de la façon dont les choses se passent concrètement :

  • Le « mauvaise foi » : face à un message désagréable pour son ego, il botte en touche en attaquant la source du message. Si par exemple, quelqu’un le critique, il trouvera un raisonnement qui décrédibilisera la personne ou lui fera un procès d’intention (« Il a dit ça parce qu’il ne m’aime pas… »). Face à un échec ou une difficulté, il reportera systématiquement la faute sur autrui et ne remettra jamais en cause son propre comportement.
  • Le jaloux : il ressent le succès ou la joie d’autrui comme une menace pour son ego. C’est pourquoi il souffre et, dans les cas graves, cherche à nuire à autrui de façon à faire disparaître cette anomalie (« c’est l’autre qui reçoit alors que c’est moi qui suis au centre et au sommet »).
  • Le frimeur : il compense son angoisse face à la mise à mal de son ego en se construisant une image artificielle devant les autres. Pour oublier la réalité qui ne lui est pas clémente, il essaie de se fabriquer une sorte de réalité substitutive dans le regard des autres (« Je suis bien au centre du monde puisque tout le monde me regarde avec admiration »).
  • Le timide : sa stratégie pour que son illusion se maintienne est de se retirer et de chercher, autant que possible, à éviter les coups du réel. Il vit dans la peur et la paralysie : surtout ne pas bouger, pour ne pas réveiller la douloureuse réalité.
  • Le « Je suis nul… » : il voit bien que son ego est illusoire et il est conscient de son insignifiance. Comme il ne se voit pas au sommet, il estime qu’il est au fond et se désespère, car au fond de lui, il estime devoir occuper une place plus élevée. Sournoisement, l’illusion est donc encore là, et il s’y accroche.
Il y a bien entendu un infinité d’autres exemples, qui pourront éventuellement être développés en commun dans les commentaires. L’objectif de ces quelques modèles est simplement de montrer la façon dont l’orgueil intervient directement dans nos défauts moraux tout comme dans nos souffrances psychiques. La
marque distinctive de l’orgueil en nous, qui apparaît clairement dans ces différents types, est qu’il fausse notre jugement, à la fois sur nous-même et sur les autres.

Pratique de l’humilité – Pistes de travail Par opposition à l’orgueil, l’humilité nous permet de redevenir nous-même et donc de coïncider, enfin, avec la réalité. Elle nous permet de cesser l’agitation vaine et inutile de l’ego pour retrouver une forme de stabilité : en étant humble, je sais que je ne suis presque rien, mais ce presque rien a les pieds posés sur le sol solide de la réalité. Ainsi, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’humilité est une force, elle est source d’assurance, de dynamisme et de confiance en soi.

Comment faire pour développer en nous cette qualité ? On se contentera ici de proposer quelques pistes de travail.

  • Piste de travail 1 : le premier pas consiste à prendre conscience du fait que je suis dans l’illusion. Sortir du déni, se remémorer, même si c’est de façon un peu abstraite, la réalité de sa place dans le monde. C’est une forme d’autosuggestion qui éduque la pensée et permet de préparer le travail effectif sur l’humilité : non, je ne suis pas le meilleur, ni le plus beau, ni le plus intelligent, ni le plus cultivé, non le plus brillant, ni le plus populaire, ni le plus admiré, et alors ? Oui je commets des erreurs, j’en commets même beaucoup, l’essentiel est d’apprendre de ces erreurs et d’avancer ; non, il n’est pas absolument vital pour moi de montrer à la face du monde de quoi je suis capable, cela ne m’apportera rien ; non, si l’autre a plus que moi, il n’y a pas lieu de le détester ou de crier à l’injustice, mais plutôt d’être content pour lui et de faire de mon côté tous les efforts nécessaires pour progresser ; non je ne suis pas indispensable ; oui j’ai toutes ces qualités, mais d’où me viennent-elles ? comment pourrais-je prétendre que tout cela me vient de moi-même alors que je peux tout perdre du jour au lendemain ? etc.

Piste de travail 2 : repérer en soi toutes les manifestations de jugement et de mépris par rapport à autrui et lutter contre ces pensées. Qui suis-je pour juger moi qui ne me connais pas moi-même ? Au besoin, se rappeler ses erreurs passées, non pas dans un esprit d’auto-flagellation, mais simplement pour se remettre à sa place : au nom de quoi puis-je me permettre de mépriser telle ou telle personne, moi qui ai fait ci et ça ? « L’orgueilleux se surestime lui-même, dit Bahram Elahi, et il sous-estime les autres. » (La Voie de la Perfection)
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  • Piste de travail 3 : se taire. Se taire là où nous avons envie de frimer, de montrer notre supériorité, de donner des leçons, de montrer que nous avons raison…
  • Piste de travail 4 : accepter les critiques. En général, quand on est critiqué, la première réaction est de se sentir agressé et de mettre immédiatement en place des stratégies de défense ou de fuite : chercher à se justifier avant d’avoir réfléchi au`problème: décrédibiliser celui qui critique de façon à annuler d’office tout ce qu’il dit (« Il dit ça par jalousie ; il ne voit pas l’ensemble du problème, il n’a aucune idée de la complexité… ») ; concentrer toute son attention sur un problème secondaire pour ne pas avoir à réfléchir au fond de ce qui est reproché (« Il m’a parlé d’un ton agressif et désagréable ; pourquoi il m’a reproché cela devant

tout le monde, c’est vraiment un manque de tact inouï… ») ; s’effondrer ou déprimer, ce qui est une façon de fuir la réalité (je me concentre sur ma souffrance et mon anéantissement, et pas sur la réalité de ce qui m’est reproché).La réaction humble est tout autre : elle consiste à maîtriser la souffrance de la piqûre et à accepter d’écouter pour voir si la critique n’est pas justifiée et dans tous les cas en tirer une leçon éthique.

  • Piste de travail 5 : accepter tout court. Accepter ce qui arrive, s’accepter soi-même avec ses manques et ses insuffisances, ce qui conduit, curieusement, à un sentiment délicieux de libération. L’ego illusoire est plein de vide. Quand on accepte humblement sa position, on est vidé de ce vide, ce qui nous donne ce sentiment rare et précieux de plénitude.

Pour en savoir plus:
http://www.e-ostadelahi.fr

  • Piste de travail 6 : aller de l’avant et développer, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, un esprit de vainqueur. Car l’humilité, ce n’est pas se résigner amèrement ou rester passif face à ce que qu’on est (« Je ne suis rien, un point dans l’univers, donc à quoi bon essayer de réaliser des choses… »). Paradoxalement, l’humilité est à voir dans une perspective dynamique qui nous pousse à nous développer et à aller de l’avant.
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